vendredi 27 janvier 2012

RAL n°113-114


1er semestre 2011
ENFANCES


Dossier rassemblé par Alain Fabre-Catalan
et Anne-Marie Soulier


Créer, c’est toujours parler de l’enfance.
Jean Genet

Que notre enfance nous fascine, cela arrive parce que l’enfance est le moment de la fascination, est elle-même fascinée, et cet âge d’or semble baigné dans une lumière splendide parce qu’irrévélée.
Maurice Blanchot, L’espace littéraire


Dans ce retour vers l’amont, invitation au voyage vers un temps qui n’est plus ou un pays disparu, nous avons gravi les hautes terres de l’enfance pour que revienne sous nos pas, trébuchant sur les ombres du passé, le goût des rires et des larmes, comme autant de cailloux de hasard jetés sur le chemin dans le ruissellement des heures.

Il n’est d’autre secret que celui de l’enfance, la secrète blessure qui dort, « cette foudre aux yeux tendres » dont parle René Char et qui luit dans le berceau du temps. Elle demeure immergée, tel « un savoir évident », un feu qui court au bord des lèvres et se noie sous le flot des paroles muettes dont nous cherchons fébrilement la clé.

Comme autant de lettres volées, ces débris d’un miroir où demeure l’éclat des premiers jours abritent nos enfances, astres qu’un feu prématuré arrache à « la périlleuse floraison » de la mémoire.

Les textes rassemblés dans ce dossier proposent, à travers notamment diverses traductions inédites, tout un éventail d’auteurs qui ont été invités à recueillir un peu de cette mémoire et qui nous offrent, comme au creux de leurs mains, l’eau même où viennent s’abreuver les ruisseaux innombrables de l’enfance.

Alain Fabre-Catalan


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ÉDITORIAL


  Ce double numéro 113-114 inaugure une nouvelle formule de notre Revue. En effet, des raisons multiples ont amené le comité de rédaction à reconsidérer le rythme de parution : ainsi l‘année 2011 verra deux parutions qui comporteront respectivement 144 ou 152 pages. Ceci nous permettra de faire coexister un dossier thématique consistant, tout en réservant une large place aux autres textes ainsi qu‘aux rubriques habituelles (chroniques et notes de lecture).

  Pour assurer la pérennité de notre revue en ces temps difficiles, nous avons cherché à nous adapter en faisant des contraintes matérielles le pari d‘un renouveau. En changeant non seulement le rythme de parution mais aussi la présentation, le format, la couverture nous espérons donner à notre entreprise un nouveau départ. Souhaitant assurer ce renouvellement dans la continuité, nous avons choisi de faire figurer sur la couverture le « Pont », ce « haïku dessiné » réalisé par Camille Claus, familier à nos abonnés depuis sa première parution en 2005 dans le numéro 91. Ce pont symbolique nous invite à relier les différentes expressions linguistiques de notre région, mais aussi d‘assurer le dialogue avec les littératures européennes et extra-européennes, notamment à travers la traduction.

  Cette ouverture ne saurait se faire au détriment de la spécificité des productions littéraires de notre région qui, depuis la création de notre revue en 1983, constituent son ancrage dans le paysage contemporain des revues littéraires. Par l‘introduction régulière d‘un volet intitulé « Patrimoine », nous espérons contribuer à valoriser ce fonds culturel particulièrement riche et attachant, trop souvent méconnu. Les textes retenus pour cette rubrique viseront à illustrer cette richesse dans sa dimension historique et contemporaine en privilégiant les inédits. Ainsi ce numéro présente une traduction française inédite du poème Worte de Jean Hans Arp, des textes en dialecte alsacien des membres fondateurs de notre revue ainsi qu‘une prose récente d‘André Weckmann, illustrant par là la fameuse « triphonie ».

  Nous espérons que nos abonnés seront sensibles à ces réflexions et réserveront un accueil favorable à ce double numéro.

Maryse Staiber


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SOMMAIRE

ÉDITORIAL

PATRIMOINE
Jean Arp : Mots (traduction : Aimée Bleikasten)
Auguste Wackenheim : E runder Disch
Adrien Finck : Langue de plaisir. Gebatt àss m’r làwandig bliwa
Conrad Winter : Otem. Ich will lewendi sinn
André Weckmann : Babba Schott

DOSSIER : ENFANCES
Alain Fabre-Catalan & Anne-Marie Soulier : Présentation
Gaston Jung : Le temps des sursis, du feu et des fruits
Alain Fabre-Catalan : Une rumeur d’enfance
Wendelinus Wurth : De Xaver
Judith Chavanne : L’enfant était à venir
Rosamund Stanford : Squandering the Steinway /Le Steinway dilapidé
          Jesus I am not against / Jésus, j’ai rien contre
Josette Segura : Balcon. L’enfance, la lumière
José Ángel Valente : Tierra de nadie / Terre de personne
          Noviembre / Novembre. Nana de la mora / Berceuse mauresque
          Elle est trop souvent aux nuages
          El hombre pequenito / L’homme tout petit
Françoise Urban-Menninger : La limonade
Hanne Bramness : Vekta av lyset / Le poids de la lumière
          Hvem ser deg / Qui te voit. Ringene / Les anneaux
Emma Guntz : Der Tod und das Mädchen
Anne-Marie Soulier : Poule couve
Ludovic Degroote : La sauge
Robert Berold : I was lucky / j’ai eu de la chance
          new forest road /la nouvelle route de la forêt
Sylvie Reff : Min Enkele. D’Blendgrànàt em Gàrte
          D’Heimet em Morjetau
Christiane Meiss : Papi ist ein Stern
Muriel Stuckel : L’effroi de l’enfance
Sylvie Troxler-Lasseaux : Un rêve éveillé
Eva-Maria Berg : Zähl Schäfchen, bis du einschläfst…
François Montmaneix : Six chants pour celle qui fut un enfant
Denis Hirson : Between the apple and the tree / Entre la pomme et l’arbre
          Stories in the dark / Des histoires, la nuit
Elena-Brandusa Steiciuc : Une enfance en Bucovine

VOIX MULTIPLES
Paul Schwartz : Le pas du poème
Jean-Paul Gunsett : Jardinier parmi les surréalistes. Das Feuer der Erde
Marc Dumas : Dédicace. Sounet /Sonnet III. Sounet / Sonnet V
Pierre Zehnacker : Sa douceur. Je t’écoutais
Antoine Heissler : La journée sombre, Bruegel 1565
Gérard Engelbach : Sur ma terrasse en Virginie…
Irmhild Oberthür : randbemerkung zu ebener erde
Markus Manfred Jung : schwere muet. vers. wien e placenta
Sylvie le Scouarnec : der leuchtturm stiehlt die dunkelheit
Claude Vancour : Reprendre. En ce matin. Strasbourg, retour
Ronald Euler : Saint-Étienne 2009
Béatrice Kad : Empreinte unique
Marie-Claire Bancquart : On marche le coeur serré…

BIO-BIBLIOGRAPHIES

CHRONIQUES
Jean-Paul Sorg : Art et condition poétique : l’exemple d’Émile Storck (II)
Marie-Claire Bancquart : Présence poétique d’Anise Koltz
Alain Fabre-Catalan : Eurydice ou le risque de la poésie
Alain Fabre-Catalan : Rencontre avec Pierre Reverdy

NOTES DE LECTURE
Jean-Claude Walter, Carnets du jour et de la nuit (Anne-Marie Soulier)
Claudio Rodriguez, Don de l’ébriété (Jean-Claude Walter)
Maximine, Somme d’amour (Jean-Claude Walter)
Françoise Urban-Menninger, Chair de mémoire (Jean-Claude Walter)
Arp en ses ateliers d’art et d’écriture (Paul Schwartz)
Claudia Scherer, zungenfüßler (Emma Guntz)
Carola Horstmann, däsche us schnee (Claudia Scherer)
Martine Blanché, Indiennes (Anne Mounic)
Noël Guetny, Le Château de la Cassemichère (Laurent Bayart)